Résumé :
À l’automne 1939, l’aspirant Grange rejoint dans l’Ardenne son lieu d’affectation, une maison forte nommée le Toit située dans la forêt, près du village de Moriarmé. Alors que la présence de la guerre ne se manifeste guère que sous la forme d’une menace abstraite et vague, Grange passe ses journées entre la forêt, la maison forte, le village, et bientôt la maison de Mona, une jeune femme qu’il a rencontrée dans les bois et dont il est devenu l’amant. L’espace et le temps semblent peu à peu se déréaliser et le monde acquérir pour Grange une tonalité poético-onirique de plus en plus marquée.
Mon avis :
Encore une fois je n’ai pas eu l’idée de lire ce chef d’œuvre de la littérature française par moi même : il s’agit d’un livre ouvert à l’occasion de mon UE du XXeme siècle. Il est vrai que pour stéréotypé Gracq on peut dire de son roman, Un Balcon en Forêt qu’il ne s’y passe rien. Mais je ne suis pas d’accord. Les sentiments du personnage principal sont extrêmement bien rendu, et l’idée de solitude dans cette immense forêt qui devient elle même personnage est impressionnante de réalisme. Julien Gracq ne se collait pas l’étiquette de réaliste mais il disait de son roman qu’il était réaliste dans les faits racontés, puisqu’ils n’étaient qu’en partie imaginés. Comme mon prof me le dirait : ne tombez pas dans le « mythe Gracq » il vous faut rester objectif. Pour moi c’est tout à fait impossible : une prose aussi poétique aussi violente et aussi franche ne peut me laisser de marbre. Gracq a cette manière de raconter l’enlisement dans l’indifférence, la défaillance de la cohésion française au moment de l’entrée dans la guerre que je ne pouvais qu’aimer cet ouvrage. Certes le fil de l’histoire n’est pas tant l’histoire d’amour (très belle au demeurant) que les contemplations d’un personnage perdu dans l’Histoire (une pensée pour Victor Hugo) mais ça n’en reste pas moins un très grand roman et une magnifique prose.
Le petit mot inutile :
Je n’ai pas pu m’empêcher de comparer cet ouvrage au livre cinq des Contemplations de Victor Hugo. Cette idée de soumission à la nature, de la nature guidant les vrais sentiments de l’être humain, ou bien la nature guidant l’être vers ce qu’il a de meilleur. C’est la marque d’un grand auteur à l’écoute de l’humanité, et la marque d’un grand géographe attentif à la nature.
Sinon le petit chose qui m’a agacé c’est le fait que l’éditeur Corti travaille à l’ancienne et donc oublie volontairement de découper les pages des cahiers du livre… C’est un travail inconnu de moi libraire des temps modernes : le travail à l’ancienne m’a perturbé. Finalement c’est une autre façon de s’approprier le livre, de le faire totalement sien. Pourquoi pas ?
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